Quand on pédale le cerveau est en roue libre et divague. JB Pouy nous conte tout ce qui passe par la tête d'un jeune coureur du Nord, échappé dans une étape du tour 95 : ses rêves de victoire, ses origines, la course et ses drames, son équipe, sa famille. Le rythme de la narration suit l' effort du cycliste, la phrase se raccourcit quand le souffle devient court. On accompagne ainsi ce jeune sportif jusqu'à l'arrivée, aussi amère soit elle...
Voici donc le tome 2 d'une trilogie annoncée, il n'est pas nécessaire d'avoir lu le 1er tome (Matador) qui mettait déjà en scène la même enquêtrice atypique Plume Loison, les enquêtes étant suffisamment indépendantes.
Dans ce nouveau titre, l'affaire est située dans le gratin de la société, hautes sphères économiques et politiques, que l'auteur, journaliste indépendant, connaît bien pour avoir signé des essais sur le sujet.
3 de ces puissants, inspirés de personnages réels aux noms à peine modifiés - Bernard Arnaud de LVMH devient ainsi Bertrand Arnoud de MBLD - veulent se convertir, renoncer, en tout cas changer, mais ça ne plait pas à tout le monde, au point qu'on les retrouve séparés de leur tête dans des mises en scène macabres, dont une sa passe dans un bowling.
L'enquête est essentiellement basée sur les discussions avec les témoins, de longs flashback sur la vie des victimes et des extraits de leur journaux intimes. Elle comporte peu d'action, un peu d'humour, de nombreuses références artistiques, culturelles et littéraires, le tout menée par la commissaire Loison, qui s'appuie sur son intuition et ses rêves pour résoudre ses enquêtes. Son passé, dont une partie liée au 1er tome, finira par la rattraper, rendant la fin surprenante.
Au final un bon livre que j'ai apprécié, autant pour son côté polar que la peinture de moeurs des ultra-riches.
Grand fan de vélo, ma bibliothèque contient nombre d'ouvrages sur ce thème. Mais celui-là sort du lot : il est en effet entièrement consacré aux femmes, trop souvent oubliées dans ce genre de livres.
Vicky Carbonneau nous présente de nombreuses cyclistes professionnelles, en activité ou pas, françaises ou étrangères, de toutes disciplines, mais aussi des femmes entraineurs, manager d'équipe ou encore fabricante de cadres. Chaque portait mêle biographie, palmarès, photos et entretiens dans lesquels chacune explique comment elle est tombée dans le cyclisme, et bien sûr sa vision de la place des femmes dans ce sport encore très masculin, mais, et c'est ce que montre ce livre, qui évolue doucement mais sûrement.
Le tout dans une belle mise en page en couleur, richement illustrée, sur papier épais et sous une belle couverture reliée.
J'ai eu envie de lire ce livre pour en savoir plus sur cet homme, très connu de l'Histoire de France et encore plus de celle des Etats-Unis, car il est un des personnages principaux dans une série de romans policiers historiques (les enquêtes de Victor Dauterive) que je viens de commencer.
Le but est atteint avec ce livre, très court car comme le nom de l'éditeur l'indique il peut être lu en 50 minutes. Il contient donc les infos essentielles, biographiques et historiques, et ressemble un peu à un article d'une encyclopédie à l'ancienne. Si on veut vraiment approfondir le sujet il faudra partir sur une biographie plus complète, mais assez rare.
L'éditeur Petit à petit s'est fait une spécialité de docu-BD, un format hybride tenant du livre document illustré par des planches de BD, sur des sujets divers et variés (Histoire, société, biographie, sport, géographie).
Ici le sujet porte sur les phénomènes migratoires vers l'Europe et l'accueil des réfugiés et demandeurs d'asile.
Le sujet est porté par un groupe universitaire de recherches, Arreco.
La lecture est facilitée par une structure chronologique simple à suivre, allant de la décision du départ, aux difficultés en cours de route et aux démarches kafkaïenne une fois arrivé à destination. Les explications sont riches et nombreuses, très instructives tout en restant pédagogiques, issues des travaux du groupe de recherche. le livre, récent, intègre aussi le cas des réfugiés ukrainiens.
J'ai bien apprécié l'alternance des parties documentaires, illustrées, dans tous les sens du terme, par les parties BD, qui racontent 2 parcours de migrants différents, permettant d'en voir les points communs et les différences. le dessin, réalisé par 2 auteurs différents pour chaque histoire, est très lisible, avec un découpage en cases sage et classique, et une utilisation, très à la mode, de monochromie, sans grosses différences entre les 2 styles.
Une bonne lecture.
Il s'agit bien d'une encyclopédie, concentrée sur les spiritueux et liqueurs. Donc rien sur le vin (bien que l'auteur soit un oenologue reconnu), ni sur les bières. Mais alors quel ouvrage : richement illustré, très complet, très clair, une mine d'information pour tout amateur de bons produits (rien n'oblige à consommer!), une grande part donné aux brandys et whiskies mais sans oublier les alcools et liqueurs moins connus, de tous pays. A lire sans modération.
C'est un peu un retour en arrière, quand je lisais régulièrement Fluide glacial, magazine de BD d'humour décalé et un peu trash dans lequel ont officié de nombreux auteurs connus : Gotlib bien sûr, un des fondateurs en 1975, mais aussi Lelong (Carmen Cru), Binet (Les Bidochon), Edika, Tronchet (Jean-Claude Tergal), Coyotte (Little Kevin) et bien d'autres.
Cet album est destiné à faire découvrir un jeune auteur du magazine, L'abbé, sous le parrainage bienveillant d'un auteur plus ancien, ici Maëster (Soeur Marie-Thérèse des batignoles) qui signe la préface et des petits dessins dans la marge, telle la fameuse coccinelle de Gotlib.
L'abbé propose des gags, de 1 à 4 pages, d'humour plutôt bon enfant, parfois un peu trash sans être vulgaire, plus ou moins réussis, pour ma part une préférence pour les planches d'une page plus percutantes. J'ai bien aimé aussi l'alternance des techniques de dessin, mais moins apprécié les (très) longs nez de tous les personnages. Dans tous les cas une agréable découverte.
Pas de panique, ce n'est pas un nouveau code législatif mais une compilation des articles de loi relatifs aux vélos (et mobilité douce), extraites des codes existants (code des transports, code de la route, ...) .
Bien sûr, même sous forme d'extraits cela reste des textes législatifs dont la lecture n'est pas toujours simple, avec beaucoup de jargon.
Mais ce livre est très utile pour permettre aux cyclistes de connaître leurs droits, et de les faire valoir, mais aussi leurs obligations, à respecter pour une bonne cohabitation et partage avec les autres usagers, automobilistes et piétons.
La langue française est une langue vivante, et à ce titre le vocabulaire évolue, des mots apparaissent, mais d'autres disparaissent.
C'est le propos de ce dictionnaire de nous présenter ces mots disparus, environ 10% (seulement), entre la première édition du Nouveau dictionnaire de la langue française, et son édition 2018.
Après une introduction qui nous présente Pierre Larousse et son oeuvre, on peut découvrir, dans l'ordre ou en picorant, ces mots désuets, de métiers disparus, d'une France rurale, pleins de poésie et de charme, avec leurs description d'origine.
Ancien journaliste à l'Equipe où il a couvert notamment 10 Tours de France (1990-2000), Pierre Ballester s'est spécialisé dans les enquêtes sur le dopage. Il devient ainsi le nègre de Willy Voet pour son livre Massacre à la chaîne (Ed. Calmna-Levy,1999), paru à la suite du scandale Festina (1998) et dans lequel il va révéler les pratiques et les dessous du cyclisme. Il a aussi été le nègre de Bruno Roussel pour Tour de Vices (ed. Hachette Littératures, 2001), de Jérôme Chiotti pour De mon plein gré (ed. Calmann-Lévy, 2001) et de Philippe Boyer pour Champion, flic et voyou (Ed. La Martinière,2003).
Sa connaissance accrue du cyclisme et du dopage lui permet de se lancer dans une vaste enquête sur les pratiques frauduleuses de Lance Armstrong. Il publie sur ce sujet L.A. Confidential (La Martinière, 2004), L.A. Officiel (La Martinière, 2006) et Le sale Tour (Seuil, 2009), tous les 3 écrits en collaboration avec David Walsh.
La justice américaine et l'USADA ont confirmé fin 2012 ce que Pierre Ballester dénonçait depuis 8 ans sans être vraiment écouté : Armstrong a triché et volé ses 7 victoires sur Le Tour, qui lui ont maintenant été officiellement retirées.
Ce nouveau livre de Pierre Ballester vient donc conclure la grande enquête “Armstrong” en apportant des éléments sur le “système” qui a permis au cycliste américain de passer à travers les mailles du filet pendant si longtemps. Et selon P. Ballester, tout le monde est coupable : L. Armstrong et son manager bien sûr, mais aussi l'UCI, ASO, les sponsors ou partenaires, les médecins,et bien sûr les médias. A défendre uniquement leurs intérêts, essentiellement financiers, ils ont fini par tuer Le Tour.
Ce livre est riche d'informations et de détails, et a conforté ma propre opinion. On le sait depuis longtemps le dopage est présent dans le sport en général et dans le cyclisme en particulier. Dès les premiers Tours de France, les coureurs trichaient, soit en essayent de prendre le train pour raccourcir des étapes de plusieurs centaines de kilomètres, soit déjà en prenant des “aides” médicales (cocaïne, chloroforme, ...). Et cela ne sait jamais arrêté, les produits ont évolué, les méthodes aussi. Des coureurs meurent, en course (Tom Simpson, 1967) ou en dehors (Pantani, 2004, Frank Vandebroucke, 2009) victimes de leur propre inconscience. Des scandales éclatent, le plus célèbre ayant eu lieu en 1998, au coeur des années folles de l'EPO.
On pouvait espérer qu'un grand ménage serait fait après 98 et que le cyclisme retrouverait un peu de blancheur. Hélas, il semble que ce soit tout le contraire : Il y a donc eu les années Armstrong et la tricherie maintenant révélée. Mais il y a aussi chaque année des coureurs testés positifs et exclus (pendant le Tour mais bien trop souvent longtemps après), des coureurs pris dans des affaires de dopage (Puerto). Et récemment la commission d'enquête sénatoriale qui révèle des noms de coureurs dopés en 1998 (Jalabert, Leblanc,...). Il y a enfin les aveux de coureurs retraités et repentis : Riis, Ullrich, O'Grady, Zabel,... La liste est désespément trop longue.
Le retrait des titres de L. Armstrong a en outre prouvé une chose car il a été impossible de réattribuer sur tapis vert ces titres : bien souvent les coureurs ayant fini 2ème, 3ème, voire plus, ces mêmes années, ont eux aussi été rattrapés par des révélations ou des affaires de dopage. Quelques-uns ont essayé de dresser un classement “nettoyé : Johan Hufnagel, sur Slate.fr ou Victor Dhollande-Monnier sur Europe1.fr.
Doit-on dire, comme pour les Rois : Le Tour est mort! Vive Le Tour? Il faut le croire tant les spectateurs sont toujours aussi nombreux sur les bords de la route du Tour (un peu moins sur d'autres courses cyclistes il est vrai) et les téléspectateurs devant leur TV ou PC (à commencer par moi).
Livre richement illustrée de photos narrant la traversant des Pyrénées en vélo par un trio d'amis.
Plus que le compte-rendu purement sportif, il s'agit surtout pour les auteurs de nous faire partager L Histoire et les histoires des Pyrénées, ainsi que des rencontres avec des figures locales (notamment Jean Lassale et François Bayrou).
On trouvera bien sûr des explications sur la préparation du périple et la description des étapes, ainsi que des liens vers des vidéos ou des sites complémentaires.
J'ai bien apprécié les photos et le récit cycliste, bien aimé certaines anecdotes, moins apprécié certains entretiens ou réflexions. Et enfin j'ai été un peu gêné par l'utilisation de QR-Code pour les liens (sans doute pratique quand on consulte livre dans sa forme papier, beaucoup moins quand on lit la version numérique). Et surtout le lien principal avec, en théorie, l'accès des infos pratiques et détaillées sur le parcours) ne fonctionne plus.
Ecrit en 1972 par René Fallet, il s'agit de la réédition de 1992 très bien illustrée par Blachon
Dans ce livre, au titre si simple, René Fallet nous raconte sa relation avec le vélo (et selon ses propres propos, il ne faut surtout pas confondre vélo et bicyclette). Relation de cycliste du Dimanche ou des vacances puisque que R Fallet, écrivain de son état, amateur de boissons alcoolisées et fumeur invétéré (il regrette même que les maillots modernes n'aient plus de poche à l'avant, bien pratique pour y glisser cigarettes et briquet), roule peu et surtout pour s'amuser. Il va même par jeu jusqu'à créer sa propre course cycliste dans l'Allier : les boucles de la Besbre, dans le Bourbonnais où son père est né. Une course pour de rire, où il est interdit d'attaquer, où le vainqueur est décidé à l'avance et où les étapes se font surtout dans les bistrots.
Ecrit avec beaucoup d'humour et un peu de mauvaise foi, René Fallet cherche simplement à nous faire partager le plaisir de rouler à vélo. Et le plaisir de s'intéresser à ce sport, ce qui chez lui passe par une collectionnite aigüe de maillots cyclistes, du maillot de marque aux maillots distinctifs de championnats nationaux (France, Belgique) voir mondial. Il nous parle aussi de ses relations avec d'autres écrivains-journalistes tels Antoine Blondin ou Pierre Chany avec lesquels il suivra le Tour de France 1967.
Seul bémol, le texte date un peu, et fait référence à du matériel ou des habitudes cyclistes aujourd'hui disparus (5 vitesses à l'arrière, les chaussures noires, les cale-pied à sangles,...). Mais cela rappelle aussi des souvenirs à ceux qui ont connu tout ça.
René Fallet était un écrivain, né en 1927 et décédé en 1983. Dans son premier roman, Banlieue Sud-Est (1947), banlieue où il est né (Villeneuve St Georges), il parle déjà de vélo en mettant en scène un coureur cycliste. Il écrira environ 25 romans, recevra le Prix Interallié pour le titre Paris au mois d'Août, et plusieurs de ses romans seront adaptés au cinéma (Le triporteur, Les vieux de la vieille, Un idiot à Paris, La soupe aux choux,...) . R Fallet était une “figure” littéraire avec sa moustache et ses lunettes aux verres très épais.
Ce livre présente un format hybride : un recueil de morceaux-choisis (textuels) et de recettes (culinaires).
Blandine Vié, l'auteure, a selectionné dans l'ensemble des 175 romans de la série San-Antonio, les passages se rapportant à la table, et ils sont particulièrement nombreux. Elle les a classés par thème : les bon petits plats de Félicie (la maman de San-Antonio), les bouffes entre collègues, les desserts, la cuisine des Béru, les boissons, ... Et elle a inséré entre les extraits les recettes des mets ou des boissons évoquées.
Le principe est original, et pour bien faire il faudrait acheter 2 exemplaires, un pour mettre dans la cuisine et un pour la bibliothèque.
Pour légitimer la rédaction d'un tel livre, je précise que Blandine Vié, en plus d'être fan de San-Antonio, est journaliste culinaire, “gourmande de mets et de mots”. Merci à elle.
[Edition Tristram(2007), 944 pages, nouvelle traduction]
Roman anglais du 18ème siècle, sommet de la littérature anglaise et pourtant fort peu connu en France, peut-être parce qu'il concurrence notre Rabelais national.
Je dis roman mais c'est un bien pauvre terme pour décrire cette oeuvre de Laurence Sterne(1713-1768), pasteur irlandais, dont c'est le chef-d'oeuvre, écrit entre 1759 et 1767, dans la lignée de Rabelais ou de Cervantès, qu'il cite régulièrement dans ses pages.
La traduction de Guy Jouvet, après celle de Charles Mauron en 1947, se veut fidèle à l'esprit d'origine du livre et reprend en particulier toute la typographie très surprenante, avec de nombreux tirets dans le texte, des étoiles, des pages blanches, des dessins (la structure du récit ou les moulinets de cane d'oncle Tobie), des onomatopées.
L'histoire est celle de Tristram Shandy et de sa famille. Mais le récit commence avant même la naissance du personnage principal (qui n'arrivera qu'après 1/3 du livre), dès sa conception. On y découvre la vie du manoir familial avec son père, sa mère, son oncle Tobbie, le pasteur Yorrick, le Dr Bran, les voisins, la servante Suzanne ou le valet Obadiah, le caporal l'Astiqué et tant d'autres. On y apprend pourquoi Tristram porte ce drôle de nom, pourquoi son nez est déformé et pourquoi c'est un si grand malheur,..
Laurence Sterne prend toutes les libertés qu'il souhaite avec le récit et sa forme: il retourne régulièrement en arrière retardant ainsi la progression de l'histoire; il insert des digressions ou des réflexions dans des argumentations, ou l'inverse, au risque parfois de perdre totalement le fil de l'histoire; il interpelle le lecteur (“Votre honneur”) ou la lectrice(“Madame”); il affirme sa position d'auteur qui décide de quoi il veut parler et comment (“Ouf! tous mes héros, à l'heure qu'il est, se débrouillent donc seuls [...] aussi m'en vais-je profiter de ce répit pour écrire ma préface” ); il laisse des chapitres vides qu'il complète plus tard; il place la préface au chapitre XX du volume III .
Les “opinions” de Tristram, qui sont le plus souvent mises dans la bouche de son père, abordent de nombreux thèmes : religion, histoire, géographie, philosophie, sexe, sociologie, guerre, avec les propres termes de l'auteur mais aussi en détournant et parodiant des textes d'auteurs contemporains, le tout avec beaucoup d'humour et d'ironie. On y trouve ainsi de nombreux passages inspirés de Locke, Epitécte, Bacon, Burton, Kant. Les commentaires du traducteur éclaire le lecteur sur toutes ces subtilités.
Sterne parle aussi régulièrement des “califourchons” (dada dans le langage sternien ou “hobby-horse” en VO) de ses héros, et en particulier de la passion de son oncle Tobbie pour la reconstitution, dans son jardin, de sièges militaires fameux, qui lui rappellent en outre sa propre carrière stoppée par un éclat de pierre à l'aine, et sujet de nombreux passages humoristiques.
Ces presque 1000 pages de littérature loufoque et débridée ne sont pas forcément faciles d'accès mais justifie largement l'effort à faire pour accéder à l'univers Shandéen.
De nombreux écrivains se sont inspirés des audaces littéraires et narratives de Sterne, parmi lesquels, Voltaire, Diderot , Hoffman, Balzac,James Joyce.
Juste après les attentats du 11 Septembre aux Etats-Unis, l'action située en France, relate la recherche musclée des produits chimiques (d'origine française!) qui pourraient être utilisés pour des attentats. On suit l'histoire à travers plusieurs personnages doubles tels l'espion assassin/consultant, l'espion/apprenti jihadiste, ou encore les convertis qui ont changé de bord et souvent d'identité. On découvre aussi les arcanes ou les dessous des différents services de recherche, d'enquête ou d'espionnage français, à la fois amis et ennemis, où la politique joue un rôle important.
L'histoire est plutôt crédible, même si elle est assez classique et s'adresse aux amateurs d'espionnage, et certaines situations paraissent un peu artificielles. L'auteur sait maintenir une tension et un suspens propre à inciter le lecteur à continuer.
Ce qui m'a le plus amusé c'est que ce livre mettant en scène des “citoyens clandestins” a été écrit par un auteur dont on ne connait que le pseudo (DOA = Death On Arrival) et qui a peut-être lui aussi une double vie, d'espion par exemple?
Antoine Blondin, écrivain (Un singe en hiver, Monsieur Jadis) et journaliste à l'équipe, a été suiveur et chroniqueur du Tour de France de 1954 à 1982.
Ce gros recueil regroupe l'intégralité des 950 chroniques qu'il a rédigées chaque été, classées par ordre chronologique.
Libre au lecteur de suivre consciencieusement cet ordre, ou de papillonner au gré de ses envies, à la recherche des plus belles pages littéraires sportives.
Chaque chronique mêle dans un style inimitable informations sportives (même si ce n'est pas le but premier), humour, calembours, références littéraires (plusieurs chroniques sont écrites à la manière de), historiques et géographiques. On retrouve aussi des hommages aux organisateurs, à ses confrères, aux sportifs présents et passés, et parfois quelques piques bien senties aux détracteurs de cette grande course.
Chaque année du tour est introduite par un petit texte pour replacer les chroniques dans leur contexte sportif, avec le rappel des équipes et coureurs principaux, les principales étapes, le vainqueur final, ... et dans leur contexte historique. Cependant, et c'est là le seul point négatif de ce recueil, cela n'est pas toujours suffisant pour savourer tout le sel des chroniques, et il est parfois utile d'avoir sous la main une bible du Tour avec les données sportives plus riches, ainsi qu'un manuel d'histoire.
J'ai savouré ce livre pendant près de 2 ans en lisant une chronique par jour et je relirai sans doute avec grand plaisir mes préférées.
Un livre indispensable pour tous les amoureux du sport cycliste et de la littérature.
Frédéric Dard, alias San-Antonio, a écrit au cours de sa carrière une formidable série policière : celle du commissaire San-Antonio.
Ce qui a fait le succès de ses livres, qu'on traite souvent de littérature de gare, n'est pas tant la qualité des intrigues, souvent minces, que son style, la langue qu'il s'est inventée, son humour, ses personnages. Mais surtout ce qui me plaît dans ses romans ce sont ses envolées textuelles, ses délirades, ses “jets de vapeur” comme il se plaisait lui-même à les appeler.
Pour découvrir ces perles, tour à tour poétiques, humoristiques ou grivoises, deux solutions : lire (ou relire) toute la série, ou acquérir ce florilège d'extraits que les deux auteurs, Paul Désalmond et Yves Feugeas, ont sélectionnés avec bonheur parmi près de 200 livres. Ces morceaux choisis, même isolés de leur contexte par ailleurs parfaitement référencés, gardent (et même trouvent ainsi) toute leur saveur.
Ce livre, qu'on peut relire de multiples fois (c'est ce que je fais) s'adresse autant aux fans de San-Antonio qu'aux néophytes qui rejoindront peut-être ainsi la première catégorie.
Si Denis Guedj est surtout connu par le public pour son roman “le Théorème du perroquet”, il ne faut pas oublier que c'est avant tout un docteur en histoire des sciences passionné et passionnant qui raconte dans ce roman une histoire de l'Histoire des sciences.
En 1792, deux astronomes français sont chargés par l'assemblée nationale d'effectuer la mesure du méridien entre Dunkerque et Barcelone afin d'en déduire la longueur exacte d'une mesure révolutionnaire (à double titre) qui deviendra La mesure : le mètre.
Denis Guedj, s'appuyant sur des faits historiques, a comblé les vides pour raconter l'aventure passionnante de deux hommes, au coeur de la révolution, a qui rien ne sera épargné et qui, à force de courage et d'abnégation, achèveront ce défi de mesurer un morceau de notre planète.
Une belle aventure historique
Lu pendant des vacances sportives dans les Pyrénées, voici un livre qui parle des Pyrénées ET de vélo : le Tour de France dans les Pyrénées.
L'auteur, Christian Laborde, est lui même pyrénéen (né à Aureilhan et vit à Pau), et ça s'entend quand il parle à la télé, à la radio ou à la scène.
Christian Laborde, écrivain et poête, est grand amateur de cyclisme et a publié de nombreux livres sur ce thème : la biographie de Miguel Indurain (Le roi Miguel), l'histoire des champions dans les Pyrénées (Pyréne et les vélos), un hommage à Charly Gaul (L'Ange qui aimait la pluie), l'homérique bataille Poulidor-Anquetil sur la route du Puy-de-Dôme (Duel sur le volcan), un hommage aux champions du Tour (Fenêtre sur Tour) et même un dictionnaire (Dictionnaire amoureux du Tour de France). Il est aussi chroniqueur au Figaro.
Et donc, ce livre, sur l'historique des grandes heures du tour dans les Pyrénées, commencée en 1910 lors du 1er passage au sommet du Tourmalet.
On retrouve dans ce livre ce qui fait la force de toutes ses parutions : une solide connaissance de son sujet, de la passion, de la poésie, la truculence, une langue riche et imagée, rocailleuse. On comprend que Christian Laborde aime les Pyrénées et aime encore plus les hommes qui en ont fait la légende, qu'il les a vu passer du bord de la route, qu'il a suivi leurs exploits à la radio ou dans les journaux. le dernier chapitre “Je me souviens de tout” en est le parfait révélateur.
On peut être surpris par sa position sur le dopage ou encore sa défense de Lance Armstrong. On l'est moins quand on sait qu'il a carrément consacré un livre à sa défense(?) (Champion, 2006).
Voici un livre jeu illustré qui permet de se plonger dans la vie du père de la 1ère bombe atomique. L'histoire se présente sous forme d'aller-retours entre les essais du premier prototype et l'initiation du projet Manhattan ou le passé d'Oppenheimer. Il permet de réaliser le défi humain et scientifique qu'a représenté cette invention qui mettrait fin à la 2nde guerre mondiale mais changerait la face et l'équilibre du monde à jamais.
La lecture est conditionnée par la résolution d'énigmes de logique plus ou moins simples, des indices en fin de livre permettent de débloquer les plus ardues même si c'est parfois frustrant de ne pas trouver par soi-même.
Ce livre est la version illustrée des enquêtes de terrain écrites par Alia Bengana, Claude Beachtold et Antoine Harari, et publiées dans le média suisse Heidi.news, sur le thème du béton.Alia Bengana, formée comme nombre d'architectes au miracle du béton, matériau phare du XXème siècle, n'a jusque-là utilisé que ça dans ses projets. Mais des remarques faites lorsqu'elle envisage d'utiliser d'autres matériaux, ou les impacts directs et visibles sur son environnement suisse où elle s'est installée avec son mari, lui servent de déclic.Ils décident alors d'enquêter en interrogeant tout à tour industriels, activistes, architectes, spécialistes et découvrent ainsi le côté obscur de la production du béton (magouille financière, arrangements politiques, impacts environnementaux, obsolescence) mais aussi qu'il existe des solutions alternatives plus respectueuses même si encore marginales dans le monde de la construction. L'enquête est fouillée, didactique, bien documentée et chiffrée, et accompagnée de notices biographiques et de notes (mais sans renvoi dans le cours du livre, d'où le demi-point en moins de ma note).Le dessin d'[a:Antoine Maréchal 20894250 Antoine Maréchal https://s.gr-assets.com/assets/nophoto/user/u_50x66-632230dc9882b4352d753eedf9396530.png] est simple et lisible, coloré, avec un découpage et une mise en page un peu sage, mais rend le sujet d'autant plus accessible.
Dans un format dit à l'italienne (12.5*8.5), ce livre propose une série de questions/réponses sur Napoléon. Chaque réponse est très courte, quelques lignes, mais va à l'essentiel et permet de (re)voir les éléments clé de la vie et carrière de l'empereur français. Chaque page est joliment illustrée par un dessin en ombres chinoises. A la suite du quiz on trouve une chronologie succincte, quelques citations et des fiches sur les personnages ou objets les plus représentatifs de l'ère napoléonienne qui permet de parfaire ces révisions historiques, le tout de façon ludique. On peut aussi utiliser ce quiz sous forme de jeu pour évaluer les connaisseurs.
Ce livre est à la fois une BD/roman graphique , format que j'affectionne, et un livre sur le cyclisme dont je suis grand amateur.
Ici il s'agit de la biographie de Gino Bartali, champion italien parmi les légendes du cyclisme mondial, vainqueur du Giro 3 fois, et 2 fois du tour de France en 1938 et 1948.
Pas de surprise sur l'histoire, après tout c'est une biographie, racontée de manière très linéaire : l'enfance, la découverte du vélo, les premières victoires, le passage professionnel, la perte de son frère, et les victoires sur le Giro puis le Tour de France (1938). Puis vient la guerre, où Gino deviendra un messager (à vélo bien sûr, sous couvert d'entrainement) de l'organisation de résistance Delasem. Gino est toujours resté très discret sur cet épisode bien qu'il ait contribué à sauver de nombreux juifs. Après la guerre Gino regagne le Tour de France en 1948, soit 10 ans après sa première victoire, ce qui ajoute à sa légende.
Coté graphique et dessins j'ai eu beaucoup plus de mal : d'abord une utilisation permanente de monochromie rouge (et quelques séquences bleu) qui n'apporte rien à l'histoire et m'a gêné à la lecture. Et surtout des dessins de vélos non pas stylisés, comme on voit souvent, mais à la géométrie incorrecte, et des cyclistes eux-mêmes mal posés sur ces mauvais vélos, ce qui est un comble compte-tenu du sujet.
Etant moi-même pratiquant régulier du vélo (sportif et vélotaf) et ayant déjà plusieurs ouvrages sur le sujet, j'étais curieux de découvrir ce nouvel ouvrage même si je n'attendais pas de grandes nouveautés ou découvertes.
Dans cette anthropologie l'auteur aborde des thèmes classiques du vélo dans la société : les différents usages (loisirs, voyages, compétitions, utilitaire), les bienfaits (liberté, émancipation, écologie, santé) et points négatifs (accidents, incivilités) , l'histoire et techniques, et bien sûr de l'intérêt du vélo pour apaiser nos villes trop largement conçues autour et pour l'automobile, avec tous les aspects négatifs associés : embouteillages, pollution, saturation de l'espace publique, danger pour les piétons et cyclistes, ...
A ses propres réflexions pertinentes, avec parfois des avis assez tranchés, l'auteur mêle de très nombreuses références et citations, aussi bien cinématographiques (du voleur de bicyclette de Sica à Jour de fête de Tati), que musicales (Y Montand) ou bien sûr littéraires. Parmi les auteurs cités on trouve des auteurs classiques, français (E. Zola, Proust, Beauvoir) et étrangers (Mark Twain, Jerome K Jerome, E. Hemingway), des auteurs “pratiquants” (Paul Fournel, Louis Nucéra), des auteurs d'études et essais (Frédéric Héran) ou des journalistes (A Blondin).
Ce livre donnera envie de faire du vélo ou confortera ceux qui en font déjà, tout en offrant de nouvelles idées de lecture sur ce thème à travers une riche bibliographie listée en fin d'ouvrage.
Ce livre est à la fois une BD/roman graphique , format que j'affectionne, et un livre sur le cyclisme dont je suis grand amateur.
Ici il s'agit de la biographie de Gino Bartali, champion italien parmi les légendes du cyclisme mondial, vainqueur du Giro 3 fois, et 2 fois du tour de France en 1938 et 1948.
Pas de surprise sur l'histoire, après tout c'est une biographie, racontée de manière très linéaire : l'enfance, la découverte du vélo, les premières victoires, le passage professionnel, la perte de son frère, et les victoires sur le Giro puis le Tour de France (1938). Puis vient la guerre, où Gino deviendra un messager (à vélo bien sûr, sous couvert d'entrainement) de l'organisation de résistance Delasem. Gino est toujours resté très discret sur cet épisode bien qu'il ait contribué à sauver de nombreux juifs. Après la guerre Gino regagne le Tour de France en 1948, soit 10 ans après sa première victoire, ce qui ajoute à sa légende.
Coté graphique et dessins j'ai eu beaucoup plus de mal : d'abord une utilisation permanente de monochromie rouge (et quelques séquences bleu) qui n'apporte rien à l'histoire et m'a gêné à la lecture. Et surtout des dessins de vélos non pas stylisés, comme on voit souvent, mais à la géométrie incorrecte, et des cyclistes eux-mêmes mal posés sur ces mauvais vélos, ce qui est un comble compte-tenu du sujet.